Pourtant recyclable à l’infini, la moitié du verre consommé en Île-de-France finit encore dans les bacs de déchets ménagers, compromettant ainsi son recyclage.

Face à ce constat, le Syctom, principal syndicat de traitement des déchets en région parisienne, se donne pour objectif de renforcer le captage de ce matériau et d’améliorer son système de collecte. Une étude portant sur l’ensemble du territoire de la Métropole du Grand Paris a ainsi été réalisée par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur).

Une filière essentielle mais en stagnation

Depuis plus de 50 ans, le recyclage du verre repose sur un modèle éprouvé. Pourtant, la progression des volumes triés stagne.  Le Syctom se mobilise pour améliorer la collecte et le recyclage du verre sur son territoire avec notamment une campagne de sensibilisation grand public intitulée « Faites le tri dans votre vie » en 2023 et, en parallèle, avec des études menées en 2024 avec l’Observatoire régional des déchets d’Île-de-France (ORDIF) sur les dispositifs de collecte et avec l’Apur sur la filière post-collecte.

Une collecte plurielle et hétérogène

L’étude a souligné les spécificités de chaque territoire, les collectivités adoptant actuellement des modes de collecte distincts :

  • En zones pavillonnaires, la collecte en porte-à-porte (PAP) s’effectue via des bacs roulants ou des caissettes.
  • En milieu urbain dense, la collecte repose majoritairement sur des points d’apport volontaire (PAV), avec des conteneurs aériens ou enterrés.

Si la qualité du verre collecté est généralement meilleure en PAV qu’en PAP, les collectivités combinent souvent ces deux systèmes.

La diversité des acteurs impliqués complexifie également la gestion de la collecte. Huit prestataires assurent actuellement ce service sur le territoire du Grand Paris. L’efficacité de la collecte varie quant à elle selon plusieurs facteurs : densité de population, déploiement des points de collecte, fréquence de ramassage en porte-à-porte, ou encore présence de gros producteurs de verre (cafés, restaurants et hôtels).

Optimiser la filière post-collecte

La filière post-collecte a été identifiée comme un véritable enjeu stratégique. Elle englobe le transit des flux, leur regroupement sur des plateformes de transfert, le stockage et l’acheminement vers les sites de recyclage.

L’étude a permis de mettre en lumière des optimisations à apporter dans le fonctionnement du dispositif : aujourd’hui le verre collecté est acheminé vers l’une des 15 plateformes de regroupement, où il est massifié selon des critères de densité, de pureté et de compatibilité avec la fusion. Une fois broyé sous forme de calcin, il est ensuite transporté vers les centres de traitement. Des problématiques de traçabilité subsistent cependant ainsi que des variations qualitatives selon les territoires.

Des leviers d’optimisation identifiés

L’étude de l’Apur s’est concentrée sur la rationalisation des organisations pour réduire les coûts, améliorer la qualité du verre trié et limiter l’impact environnemental des opérations logistiques. Plusieurs leviers ont été identifiés :

  • foncier : optimiser l’implantation des sites de regroupement pour réduire les trajets et améliorer la logistique des sites de collecte ;
  • gouvernance : harmoniser les contrats de collecte pour renforcer la cohérence territoriale ;
  • suivi et traçabilité : créer une plateforme de suivi partagée pour une gestion plus transparente ;
  • qualité du verre : rendre le contrôle qualité obligatoire à la réception des bennes sur la plateforme de regroupement ;
  • taux de captage : améliorer le système de pré-collecte et mieux sensibiliser les ménages et professionnels.

Plus qu’un fort engagement environnemental, ces leviers doivent permettre ainsi une réduction des coûts et une meilleure efficacité du recyclage, tout en assurant également la durabilité de la filière.

En chiffres

En 2022, 125 000 tonnes de verre ont été collectées par le Syctom.

Interview : Olivier Richard, Directeur d’études à l’Apur

Quels enseignements tirez-vous de l’étude réalisée sur la filière du verre dans la Métropole du Grand Paris ?

L’objectif de cette étude était d’évaluer la capacité du système post-collecte du verre à gérer une augmentation des volumes collectés. La phase post-collecte constitue un écosystème complexe, impliquant de nombreux acteurs et composantes.

Un des principaux atouts du système actuel est sa capacité à absorber une hausse des flux sans nécessiter de nouvelles emprises foncières, ce qui représente une véritable force. Toutefois, la gouvernance de ce système pourrait être optimisée pour en améliorer l’efficacité.

Peut-on établir des liens entre la logistique de la filière et la morphologie urbaine des territoires ?

La logistique de la filière verre s’appuie sur un immobilier réparti à l’échelle de la Métropole du Grand Paris, avec des sites situés à la fois au sein et en périphérie de la métropole, principalement dans de grandes zones d’activité. Cette répartition montre une certaine cohérence géographique, les sites étant globalement implantés à proximité des bassins de collecte. Cependant, les cinq centres de traitement identifiés se trouvent tous en dehors de l’Île-de-France, ce qui pose des enjeux logistiques spécifiques.

Quelles pistes d’optimisation pour le système de post-collecte et de traitement du verre ?

Le système manque de visibilité. Il est essentiel de rationaliser et d’harmoniser les contrats de collecte et de regroupement pour optimiser la gouvernance post-collecte. La création d’une plateforme partagée faciliterait aussi le suivi, la traçabilité et l’échange d’informations entre acteurs (collectivités, syndicats, prestataires). Pour décarboner les flux logistiques, les cahiers des charges pourraient exiger un recours aux sites les plus proches des zones de collecte ou bien de réunir les centres de regroupement et les garages à bennes. Enfin, un contrôle qualité systématique à la réception des bennes, avec pénalités en cas de non-conformité, garantirait une meilleure qualité des matériaux collectés.

OBJECTIF VERRE » : UN ACCOMPAGNEMENT DES TERRITOIRES POUR AUGMENTER LES PERFORMANCES DE COLLECTE

Dans le cadre d'une démarche partenariale entre le Syctom, la Région Île-de-France et Citeo, un accompagnement technique et financier est proposé aux Établissements publics territoriaux (EPT) pour les aider à augmenter leurs capacités de captage du verre. Diagnostic, études, propositions de solutions... Le dispositif proposé est adapté aux spécificités de chaque territoire.

Contact : Adèle Lebouvier - lebouvierping@syctom-parispong.fr